Le Navire Night
Musique Amy Flammer
Avec Bulle Ogier, Michaël Lonsdale, Marie-France
Ce navire, dans une dérive lente, sur le territoire de Paris, la nuit, dont les cordages flottent, et qui se meut comme arrêté,
Cette salle des machines, à l’intérieur du navire, grandie par l’imaginaire, où sont des gens abandonnés, comme perdus…
L’image d’un théâtre entier à l’abandon, la cage de scène vide, haute de plafond, les fils qui pendent qui commandent les cintres,
Cette scène grisâtre, poussiéreuse, ouverte sur les dorures, les lustres, les appliques d’une salle peinte,
Quelques fauteuils démontés, les autres de velours rouges…
Ces termes de navigation conservés dans la langue des machinistes, cette nef arrêtée, ce lieu qui existe pour aller ailleurs…
La scène avance, une proue, sort du cadre, établit l’acteur dans la salle, en gros plan. De partout l’image entière se voit, et le visage est sensuellement proche (13 rangs à l’orchestre, 5 à la corbeille, 350 places en tout),
Comme si, moi, spectateur, je parlais – nous spectateurs, nous parlions nous-mêmes, cette parole de l’auteur, écrite – il faudrait une certaine lumière –
Et cette parole libérée dans le vide, le silence, traverse les acteurs, leur corps, leur voix – il y a des vibrations –
Là, assis, immobiles, ça se met à bouger – une masse noire –
On parle du désir.
Claude Régy