Le Vaisseau fantôme
Opéra / Composition et livret Richard Wagner / Scénographie et Costumes Roberto Plate / Orchestre Philharmonique des Pays de Loire / Direction musicale Yves Prin / Choeur du Festival de Bayreuth
Avec Danielle Grima (mezzo-soprano), Joshua Hecht (basse), Philip Booth (basse), Alberto Remedios (ténor), Anthony Roden (ténor), Vivien Townley (soprano)
Rêve, sensualité d’enfant
« Je dois transporter sur le plan du rêve la vie entière… Je ne dois pas en voir la réalité… Il sera merveilleux de mourir, de glisser du rêve au sommeil et d’y sombrer ».
Richard Wagner
Très jeune encore, Wagner, passager d’un bateau, se trouve pris dans une tempête. Le lieu de cette tempête, la côte de Norvège, à hauteur de Sandwike. Wagner avait connu la légende du Hollandais volant. On lui en avait fait le récit ; ou il l’avait lu. (Heinrich Heine)
Dans cette tempête le jeune pense trouver la mort, noyé dans l’eau et la nuit. À la fin de l’opéra, son héroïne, Senta, une jeune fille, trouvera vraiment la mort, souhaitée, volontaire – un acte de rédemption – en se jetant dans la mer du haut d’un rocher. Et c’est ainsi que Wagner projette sa peur dans la partition. Il en est délivré.
L’opéra commence par une tempête. Le ciel noir de la nuit, déchiré par la lumière fulgurante de l’éclair. L’eau, violemment agitée. Où se situe cette tempête ? Au lieu même où Wagner fut pris dans la tourmente : à Sandwike sur les côtes de Norvège.
Il me souvient que son bateau, avant d’aborder l’orage, avait longé les côtes d’Elseneur au Danemark. Sur les remparts brouillés de brume nocturne, Wagner aurait-il aperçu le spectre du père de Hamlet tentant de se manifester aux vivants ? Ce fantôme aurait-il accompagné Wagner dans sa peur ? En tous cas, c’est là que naît l’idée de l’opéra : dans cette peur, en bordure de la mort.
Claude Régy