Vide et création

Michel Cassé, dans Théories du ciel, parle au nom de l’astrophysique. Comment’ne pas penser, dans les termes mêmes, à ce que nous ’ découvrons en cherchant à travailler pour le théâtre.

La physique quantique parle de dématérialisation de la matière, elle parle d’onde de probabilité de présence, de présomptions d’existence. Avec elle on constate le naufrage de la sacro-sainte évidence. On apprend que le vide n’est pas vide, qu’il est un champ de force, que le monde n’a pas de centre, qu’il flone entre vide et trou noir, que la nuit vue au télescope est une luminosité claire.

"A force d’être repoussée dans ses derniers retranchements, la matière se dématérialise. Sous la mitraille de particules accélérées, elle se métamorphose en onde de probabilité de présence. Le hasard n’a plus mauvaise presse. Le voici déguisé en ’probabilité statistique’. Il n’y a que des présomptions d’existence. La sacro-sainte ’évidence’ sombre dans le noir océan quantique et seuls les modèles physico- mathéma"tiques viennent en aide al’imagination. A force de l’observer, la matière se fait obscure. De surcroît, l’observation astronomique révèle l’emprisonnement de la matière ordinaire brillante par une autre forme matérielle, invisible, de nature mystérieuse, disposée là comme l’as de pique du jeu d’ombre, la matière sombre. Hypothétiques ou polémiques, les êtres physiques les plus évanescents sont ainsi venus honorer la physique de leur présence-absence"