Isaac

Théâtre Musical / D’après Soren Kierkegaard / Scénographie Jacques Le Marquet

Avec Gérard Depardieu, Michaël Lonsdale, Jean-Loup Wolff

Cette œuvre est le résultat d’un travail que Michaël Lonsdale poursuit avec Michel Puig depuis plusieurs années.

S’agit-il de théâtre ou de musique ? Il s’agit surtout d’effacer la frontière entre le théâtre et la musique, de chercher un prolongement à la voix parlée qui serait à la fois en deça et au-delà du chant, qui serait une sorte d’ « incantation ».

À partir de l’improvisation vocale de Michaël Lonsdale, Michel Puig a écrit une partition pour une voix et quatre musiciens (flûte, clarinette, piano, percussions) et avec d’autres acteurs, Gérard Depardieu et Jean-Loup Wolff, nous avons improvisé, puis fixé des images.

Le thème est celui du sacrifice d’Isaac. Le sacrifice humain, le sacrifice du fils par le père (et particulièrement du premier né de sexe masculin) est tout à fait répandu dans les civilisations primitives. Cette violence secrète, inexpliquée, reste à l’origine de toute religion et se retrouve dans le sacrifice du Christ sur la croix, le Fils Unique sacrifié par le père – et par le rachat du premier né chez les israélites. Le sacrifice se prolongeait souvent par la dévoration de la victime : cannibalisme (qui se retrouve dans la Sainte Cène : « ceci est mon corps, ceci est mon sang »).

Sans vouloir choisir aucune interprétation, nous avons essayé d’en suggérer plusieurs en préservant l’ambiguïté et le secret du récit biblique et sans laisser échapper la violence interne que contient le rapport absolu de l’homme avec Dieu, de la vie avec la mort.

Cet étrange dialogue dans la mutilation et dans le sang, cet intime assassinat dédié à Dieu semble être la racine la plus primitive et la plus profonde de l’humanité. Par elle, encore maintenant, nous restons en contact avec des nourritures souterraines, des mystères scandaleux, qui peut-être nous font communiquer avec l’inaccessible.

Claude Régy