©Pascal Victor

Chutes

Texte français Nicole Brette avec la collaboration de Evelyne Pieiller, revu par Claude Régy et Arnaud Rykner / Scénographie Daniel Jeanneteau / Costumes Ann Williams / Lumière Dominique Bruguière / Son Phillipe Cachia 

Avec Oliver Bonnefoy, Christine Fersen, Axel Bogousslavsky, Laurence Camby, Marc Bodnar, Moussa Théophile Sowié, Félicité Wouassi, Oleg Yankovski, Daniel Jeanneteau, Sanvi Panou, Martine Maximin, Marc François, Cyrille Gaudin, Graham Valentine, Nichan Moumdjian

Comme chaque fois - miais c’est ici une langue très neuve - la mise en scène est dictée par le ton de l’écriture : morcellement et répétitivité, pauvreté et multiplicité des éléments.

Pour la distribution : une foule où se retrouvent des mêmes visages, 22 personnages joués par 16 acteurs, des gens de tous âges à cette limite difficile des gens vrais, des gens de la rue (marginaux, errants, alcooli-ques irlandais, agent de police) et des acteurs aux dimensions infinies à partir d’un terrain banal (écrivain, police secrète, uniformes, star de la pub, pornographie ringarde).

Parmi les blancs et les roux irlandais quatre jeunes noirs, des deux sexes.

Pour le décor - 56 tableaux brefs, rapides, juxtaposés - des évocations de lieux : rues, gares, quais, burger, fast-food, bureaux, trous sans fond, abîmes, toits, échelles, tours. Matériel nécessairement élémentaire, objets sur des fonds misérables ou dans des couleurs de fluos. Parfois rien.

Décor souvent créé par des bruits. Train, trafic, camions, survol d’un hélicoptère. Déferlement de l’eau.

Des musiques de juke-box.

Sur ces vérités de gens, d’objets, laisser se faire le travail des tons. Passer du sous-langage informe ou monosyllabique aux tons de la débilité délirante ou prophétique, aux tons d’apocalypses apocryphes.

Cadavres ensanglantés. Toute-Puissance infirme et malfaisante. Souf-frances et arrestations sur des montagnes aux noms de crâne.

Racines internes de la terre, fonds et surfaces des mers salées.Trou infini du ciel. Inversion du haut et du bas.

C’est se mettre devant un objet qui force à inventer des codes de re-présentation. Ce sera par la plus grande exactitude qu’on ouvrira l’espace où se perçoit ce que ressent notre monde de progrès : c’estqu’il n’y a plus de réalité.

Un moment du changement du monde. Entre commencement et fin. 

Claude Régy