© Michel Jacquelin

Le Cerceau

Texte français Simone Sentz-Michel, version revue pour la mise en scène / Scénographie Daniel Jeanneteau / Lumière Dominique Bruguière / Son Philippe Cachia / Direction musicale Martine Viard 

Avec Yveline Ailhaud, Hélène Alexandridis, Marc Bodnar, Axel Bogousslavsky, Jean-Quentin Châtelain, Miloud Kethib, Michaël Lonsdale / Vocal Martine Viard / Piano François Martin / Intermède Olivier Denizet, Didier galas, Alain Hocine

 

À quarante-sept ans, Slavkine montre la quarantaine de ses personnages. Ils ne trouvent pas de paroles qui soient leurs. Slavkine ne leur en donne pas toujours. Il en emprunte à d’autres, d’autres auteurs, pour eux.

 

Les souffrances, les espoirs passés de l’Histoire, toujours déçus, ne les brisent pas. Ils ne sont pas désespérés, découragés, meurtris par les luttes, mais sans espérance. Un presque paisible désespoir. L’un est ingénieur, il aurait sans doute pu être écrivain. Il le pourrait encore, mais il sera peut-être un jour nommé ingénieur en chef. Il attend. Slavkine a été ingénieur pendant dix ans, puis journaliste en 67, dans une revue pour la jeunesse. Il écrit sa première grande pièce à quarante ans. Un autre n’est qu’un beau parleur. Il a abandonné ses études. Sa culture lui sert dans les conversations. Il trafique comme Slavkine les textes qu’il cite - les anecdotes qu’il raconte. Pour vivre il capitonne des portes. Il vend, il achète. Il collectionne les œuvres d’art.

 

Avec la chute des utopies, des mythes du progrès, avec la perte des origines, un cercle se révèle autour des êtres. C’est une bague en or ou en plastique, un cerceau qu’on cache. Cercles d’harmonie, mais d’éternel recommencement aussi. Alors vient le grand isolement des poètes et de chaque être, déjà perdu loin de soi-même : "Si quelque part sur une île déserte, on n’a personne chez qui aller, personne à qui parler, on reste assis, seul à sa table, et c’est normal, ça se comprend. Mais ici, où tu es né, où tu vis - Mais il se passera encore dix, vingt, trente ans, et où irons-nous ? Dans quelle maison ? Chez quels gens ? Qui nous recevra comme des frères ? Qui lavera nos blessures ? Qui apaisera notre âme en détresse ? Nous n’y avons jamais pensé." (V. Slavkine : Le Cerceau, 1982).

 

 

Claude Régy, Olivier Besson

 

 

« Tout était silencieux. Une petite cuillère tomba par terre : j’eus l’impression que la maison s’écroulait. »

Victor Slavkine